Banana Fish (T.1 et 2) – Akimi Yoshida (Edition Panini)

Voici donc le tout premier article de notre site. Et il ne commence pas si mal parce que je vais vous parler d’une lecture coup de cœur.

Pour celle.ux qui ne connaissent pas l’histoire est bien plus sérieuse que le titre intriguant. Au menu, guerre du Vietnam, deal de drogue, mafia et meurtres.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, petit point d’éclaircissement sur l’œuvre en elle-même qui permettra sans doute de casser un mythe. Cette œuvre est un shōjo. Pour celle.ux qui ne sauraient pas ce que c’est, il s’agit d’un genre littéraire. Ce genre a trop longtemps été considéré à tort comme une catégorie de lecture ne possédant uniquement que de la romance, parfois considérées « niaises », qui n’abordait que des sujets comme les amourettes et sentiments de collegien.nes, lycéen.nes. Alors que le shōjo est bien plus que cela. Ce genre a bouleversé le monde du manga. On y regroupe des œuvres abordant des thèmes bien moins futiles que l’on peut penser car on y parle de psychologie, de sciences, de sports, de meurtres…Que dire, c’est riche ! La plupart des mangaka les plus connu.es, dont Akimi Yoshida ou encore Yumiko Igarashi (Candy, Heidi…) et Riyoko Ikeda (Lady Oscar/La Rose de Versailles) sont des auteur.es de shōjo. Et contrairement à ce qu’on voudrait vous faire croire, il n’est absolument pas réservé à un public féminin, c’est peut être la cible principale de certain.es éditeur.ices, et les couvertures peuvent ne pas vous intéresser mais ne vous arrêtez pas là. Vous risquez d’être surpris.es. Je vais moi aussi essayer de vous surprendre avec le titre dont il est question aujourd’hui.

Si vous connaissez vous avez peut-être regardé la série animée par le génial studio Mappa, en l’honneur des 40 ans de carrières de l’auteure. Et cette adaptation a été une excellente idée puisqu’elle a permis de sortir cette œuvre de l’oubli. Car oui cette œuvre avait déjà été éditée en France, même moi je n’étais pas au courant. Elle date de 1985 et est arrivée en France grâce aux éditions Panini en 2003. Il est donc temps de rattraper le temps perdu. Avec cette réédition et retraduction, cette œuvre fait peau neuve et se montre dans les rayons des librairies pour offrir une seconde chance aux lecteur.ices !

Alors, Banana Fish, qu’est-ce-que c’est ?

J’ai déjà énoncé plus haut ce dont il était question. Et ce n’est évidemment pas gai du tout. La série animée est d’ailleurs assez différente de l’œuvre originale, par son contexte historique (je vais y revenir). La seule chose qu’elles ont en commun, mis à part les personnages, c’est ce mystère qui plane, ce fameux Banana Fish.

Contexte historique différent car l’œuvre originale fait commencer son récit en pleine guerre du Vietnam. Pour être plus précis, en 1973, à Dong Tham. Bon je ne vais pas résister, je me dois de faire un point histoire. Je vais essayer de faire cela court parce que ce n’est pas le sujet mais cela a son importance puisque c’est là que tout commence.

La guerre du Vietnam – piqure de rappel

Cette guerre fait suite à la guerre d’Indochine qui a opposé pendant près de huit ans l’armée française à celle des Viet Minh d’Hô Chi Minh allié à la Chine communiste. C’est d’ailleurs l’intervention des États-Unis qui envenime les choses. Pour rappel l’Indochine était un ensemble de colonies qui regroupait des pays de l’Asie du Sud Est colonisées par la France jusqu’en 1954. Parmi elle, on cite le Cambodge et bien sûr le Vietnam qui croyait déjà avoir obtenu l’Indépendance malgré une division du pays entre le Sud du côté des occidentaux et le Nord communiste. Les tensions ne tardent pas à se faire ressentir entre les deux secteurs. On agite le nid de guêpe début 1959 avec les communistes implantés au Sud lancent une insurrection contre le régime (du Sud). Après cela est créé le Vietcong (connu aussi sous le nom de Front National de Libération) Vo Chi Cong, un homme d’état communiste vietnamien, qui a participé à la lutte de l’Indépendance de l’Indochine aura d’ailleurs une place importante au sein du FNL. Cela n’arrange évidemment pas les choses puisque les États-Unis décident de s’en mêler. Et en 1962, deux ans après la création du parti, un commandement militaire US s’installe à Saigon pour soutenir le Sud contre le communisme. Après cela, vous devez savoir comment cela s’est passé : bombardements du Nord du Vietnam par les forces américaines, qui sont d’ailleurs les plus dévastateurs et mortels puisqu’ils contiennent du napalm (qui n’est autre que de l’essence gélifiée); guérilla des Viêt-Cong.. Et c’est seulement avec la décision de stopper les bombardements, en 1968, que peuvent s’ouvrir des « négociations ». La guerre ne s’arrête qu’en 1976 avec la réunification du Vietnam qui prendra le nom de République sociale du Vietnam.

On revient au vif du sujet ?

J’ai essayé de faire court mais ce résumé me sert de point d’ancrage. L’œuvre débute donc en 1973, à Dong Tham, province située au sud du Vietnam dans le Delta du Mékong. On précise aussi qu’on est vingt-deux mois avant la chute du Saïgon. On y voit une troupe de soldats américains en stationnement. C’est leur quotidien qui est dessiné. Ce sont des soldats, blancs ou noirs, qui sont lassés de la guerre que l’on voit, l’auteure prend soin de décrire les bombardements et la cruauté auxquels ils sont témoins et habitués. Certains finissent par perdre la tête. L’un d’eux, Griffin Callenreese, va d’ailleurs, en subir les conséquences. L’agressivité et violence dont il fait preuve envers ses camarades et leur stupéfaction prouve, dès le départ, que quelque chose ne tourne pas rond chez lui. Armé de son fusil il tire sur eux sans hésitation et tue trois d’entre eux. Après cet évènement on apprend que ce Griffin a été admis dans un asile et qu’il est dans un état végétatif, qu’il a parfois des crises qui lui font dire des mots lui rappelant le Vietnam. Parmi ces mots il y a « Banana Fish ». Tout le long du premier tome on tentera de savoir ce que c’est. Même si en tant que lecteur on n’a pas de mal à avoir la puce à l’oreille dès le départ. Et donc ce qu’on a refilé à Griffin au Vietnam lui a fait perdre la tête.

À part cela, si vous vous demandiez si Griffin Callenreese avait de la famille, je réponds qu’on arrive au point central. On suit surtout tout du long l’histoire d’Ash Lynx, le frère de ce premier. Il aime beaucoup son frère, c’est sa seule famille et sans lui il serait « mort de faim » comme il le dit lui-même. Ash, qui n’est évidemment qu’un pseudo, était très jeune quand Griffin a été intégré dans l’armée pour se battre au Vietnam. Il est loin d’avoir connu une enfance douce car il s’est fait attraper par la mafia qui l’utilise comme bon lui semble. Mais Ash est tenace, il tient le coup, nourris par le désir de se venger de ceux qui ont osés abuser de lui et surtout pour s’occuper et payer les soins de son frère qui n’est plus ce qu’il était une fois revenu du Vietnam. Pour couronner le tout la mafia s’intéresse aussi à Banana Fish. Heureusement Ash n’est pas seul, intelligent et futé, il s’est fait des alliés qu’on ne peut pas sous-estimer, tels que Shorter Wong ou encore Eiji Okumura qu’il vient de rencontrer et qui semble ne pas le laisser indifférent.

Les graphismes sont précis, prononcés parfois poignants tout comme l’intrigue est captivante, on ne veut pas s’arrêter de lire car on s’attache au personnage d’Ash à la fois épris de liberté et enchaîné à son passé et son désir de se venger. Il fait le brave cet Ash mais ose aussi montrer (pas à n’importe qui) qu’il est vulnérable car à dix-sept ans on aurait sans doute voulu mieux comme vie…

Vous ai-je convaincu de le lire ?

Aux personnes qui ne connaissaient pas ou qui n’ont pas regardé l’adaptation animée, j’espère au moins avoir suscité la curiosité. Je m’en satisferais si c’est le cas. Car après tout chacun.e ses goûts. Ma mission est évidemment accomplie au moment où vous avez envie de le lire. Et si vous aviez une image, disons, faussée du shōjo, cette œuvre vous permettra sans doute de changer d’avis (en positif ?) sur ce genre littéraire.

Ah ! Avant d’oublier cette réédition compte pour l’instant deux tomes qui sont assez conséquents comparé à l’édition précédente et cette dernière se finira en neuf tomes.

Mot de la fin..

Je vous remercie de m’avoir lu.e !! Moi c’est Ly, et cela a été un réel plaisir que d’écrire cet article d’inauguration de notre site à Dine et moi !!

Au plaisir de vous écrire !

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